Chapitre 1. Introduction
1.1. Que sont les Accords de partenariat économique (APE) du Royaume-Uni?
Les Accords de partenariat économique (APE) sont des accords de commerce exhaustifs entre le Royaume-Uni et les États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (États ACP). Leur origine remonte à l’époque où le Royaume-Uni était membre de l’Union européenne (UE). Dans le but d’améliorer ses précédentes relations commerciales avec les pays ACP et de se conformer aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’UE a négocié et signé des Accords de partenariat économique avec le groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Il s’agit notamment de sept (7) APE avec des pays d’Afrique Centrale, d’Afrique Orientale et Australe (AfOA), de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), de la Communauté de développement de l’Afrique Australe (CDAA), d’Afrique de l’Ouest, des Caraïbes et du Pacifique. Malgré la sortie du Royaume-Uni de l’UE, les relations commerciales entre le Royaume-Uni et les pays ACP continuent d’être largement basées sur ces APE.
Les APE sont des accords de commerce conformes aux principes de l’OMC, mais ils vont au-delà des accords de libre-échange (ALE) classiques en se concentrant sur le développement des pays ACP, en tenant compte de la situation socio-économique et en prévoyant une coopération et une assistance pour aider les pays ACP à mettre en œuvre les accords. Non seulement les APE cherchent à favoriser les conditions d’accès au marché les plus avantageuses mais ils consistent également en un ensemble intégré de protocoles sur le commerce des biens et des services, l’investissement, le développement des capacités, l’assistance administrative, etc.
En outre, les APE peuvent élargir leur champ d’application en introduisant des clauses de rendez-vous permettant ainsi aux parties qui le souhaitent de poursuivre les négociations sur des questions spécifiques, à un stade ultérieur.
Pour répondre aux préoccupations des pays ACP, les APE incluent des dispositions asymétriques en leur faveur, parmi lesquelles figurent l’exclusion des produits sensibles de la libéralisation, des longues périodes de transition, la flexibilité des règles d’origine, ainsi que des mesures de sauvegarde et des mesures spéciales en faveur de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de la protection des industries naissantes. Les APE sont également conçus pour être des moteurs de changement, qui aideront les pays partenaires à attirer des investissements et à stimuler la croissance économique en initiant des réformes et en renforçant la bonne gouvernance économique [1] .
1.2. Commerce avec le Royaume-Uni à partir de 2021
Le Royaume-Uni a officiellement quitté l’UE le 31 janvier 2020, date de l’entrée en vigueur de l’accord de retrait. Ce départ de l’UE a eu des implications importantes non seulement pour les relations bilatérales entre l’UE et le Royaume-Uni mais également pour les 79 pays ACP.
Les relations du Royaume-Uni avec les pays tiers seront déterminées en grande partie par la relation UE-Royaume-Uni post-Brexit, ce qui créé inévitablement des perturbations et incertitudes, mais également de nouvelles opportunités si les entreprises savent comment tirer parti de la nouvelle situation.
Le Royaume-Uni participe à un certain nombre de traités en raison de son appartenance à l’UE ou en rapport avec celle-ci. Ces traités renforcent les relations du Royaume-Uni avec les pays tiers et les organisations internationales. Pendant la période de transition, qui a duré jusqu’à la fin 2020 [2], le Royaume-Uni à continuer de faire du commerce selon les règles de l’UE, tout en négociant un nouvel accord commercial avec l’UE. Maintenant que l’Accord de commerce et de coopération (ACC) entre l’UE et le Royaume-Uni a été conclu, ce-dernier va pouvoir négocier de nouveaux accords commerciaux avec le reste du monde [3].
Les APE de l’UE avec les groupes régionaux ACP ne s’appliquent donc plus au Royaume-Uni depuis le 31 décembre 2020. Le Royaume-Uni a toutefois cherché, dans la mesure du possible, à maintenir l’effet de ses accords actuels après sa sortie de l’UE. Conformément aux engagements du gouvernement britannique actés dans la Loi sur le Commerce de 2018-2019 [4], le Royaume-Uni s’engage à maintenir ses relations commerciales avec les pays ACP. Ainsi, des accords de continuité ont été signés avec les pays ACP, notamment avec l’AfOA, les États du CARIFORUM, l’Union douanière d’Afrique Australe et du Mozambique (UDAAM), les États du Pacifique, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Kenya. Ces nouveaux APE entre le Royaume-Uni et les pays ACP sont entrés en vigueur en janvier 2021 [5]. Les négociations d’un APE avec le Ghana ont été finalisées début février 2021 et sont entrées en vigueur peu après. Outre les accords de continuité qui reflètent largement les APE UE-ACP, de nouvelles négociations entre le Royaume-Uni et les pays ACP devraient avoir lieu à long terme.
Afin de faire face aux difficultés potentielles et d’offrir une stabilité maximale aux entreprises, il a été convenu, par exemple dans l’APE AfOA-Royaume-Uni, que les matières en provenance de l’UE ainsi que la transformation peuvent être comptabilisées comme étant originaires du Royaume-Uni ou de l’AfOA à condition que les conditions de cumul spécifiées dans le protocole sur les règles d’origine de l’accord soient remplies.
Le gouvernement britannique a également pris d’autres mesures afin d’éviter des perturbations commerciales avec les pays ACP. L’une de ces mesures de sauvegarde est la Loi sur le commerce transfrontalier ‘Cross-Border Trade Act’ [6], qui permet au Royaume-Uni de continuer à accorder aux pays en développement un accès au marché préférentiel non réciproque, équivalent du système de préférences généralisées (SPG) et du Tout sauf les armes (TSA) de l’UE, et qui comprend une “dérogation concernant les services pour les PMA”.
Par conséquent, les PMA connaîtront peu de changements dans le cadre du système TSA du Royaume-Uni [7]. Les pays ACP, en particulier ceux qui n’ont pas signé de continuité ou de nouveau APE avec le Royaume-Uni, pourront éventuellement continuer à utiliser ces alternatives.
Malgré les changements et les perturbations observés au cours de l’année 2020, de nouvelles opportunités se présentent avec les négociations de l’APE entre le Royaume-Uni et les pays ACP. L’état d’avancement des négociations et le contexte économique mondial actuel offrent des possibilités d’améliorer les relations entre les partenaires des APE, notamment en actualisant et en améliorant le contenu de ces textes. Parmi les améliorations qui peuvent être apportées à ces accords, les APE Royaume-Uni-ACP peuvent inclure la sauvegarde de la sécurité alimentaire et de l’industrialisation des pays ACP. En outre, les APE Royaume-Uni-ACP sont plus flexibles, font l’objet d’un suivi adéquat et s’inscrivent idéalement dans un cadre plus large de politique commerciale et économique guidé par des objectifs de réduction de la pauvreté[8] .
Des indications sur le commerce du Royaume-Uni avec les pays en développement pendant et après la période de transition sont disponibles à l’adresse suivante : https://www.gov.uk/guidance/trading-with-developing-nations-during-and-after-the-transition-period
1.3. Les composantes clés des APE et leurs rôles
Les nouvelles dispositions en matière d’accès au marché des APE Royaume-Uni-ACP sont libérales, souvent asymétriques et comprennent des règles d’origine relativement souples qui permettent une intégration plus poussée dans les chaînes de valeur mondiales (CVM). Certains APE contiennent des dispositions commerciales de « nouvelle génération » comme le commerce électronique (e-commerce) ou la protection des données personnelles, tout en laissant une marge de manœuvre pour de futures négociations.
Dispositions types sur le commerce transfrontalier
Les chapitres des APE consacrés au commerce contiennent les dispositions standard telles que l’élimination ou la réduction des droits de douane, les instruments de défense commerciale et les mesures non-tarifaires (MNT) qui préparent le terrain pour la libéralisation de l’accès au marché.
L’élimination des obstacles au commerce transfrontalier fait partie intégrante des APE car elle est liée aux opportunités commerciales mais aussi aux objectifs de développement économique du Royaume-Uni. Un commerce transfrontalier plus libre est généralement considéré comme mutuellement bénéfique car il permet d’élargir le choix des consommateurs en termes de variété et de qualité des biens et des services, de faire baisser les prix grâce à une concurrence et une efficacité accrues, d’augmenter la productivité et d’améliorer les salaires réels et le niveau de vie des pays concernés[9].
Libéralisation asymétrique
Afin de garantir que les objectifs de développement soient atteints, les APE comportent des dispositions de libéralisation asymétrique en faveur des pays ACP. Cela signifie que la plupart des pays ACP bénéficient immédiatement d’un accès en franchise de droits et sans contingent (FDSC) au Royaume-Uni, tandis qu’ils doivent garantir une réduction tarifaire progressive sur les importations en provenance du Royaume-Uni. De plus, en fonction de plusieurs critères de développement (comme le PIB par habitant ou les scores d’IDH) [10], les pays ACP ne sont pas dans l’obligation de retourner les offres de libéralisation FDSC du Royaume-Uni, mais ils peuvent maintenir les taux NPF sur un certain nombre de produits importés du Royaume-Uni.
Les APE protègent les produits locaux les plus sensibles des pays ACP, principalement agricoles mais aussi industriels. Si certains sont totalement exemptés de libéralisation, d’autres sont soumis à des limites quantitatives ou à des taux tarifaires réduits.
Règles d’origine
Pour encourager l’intégration régionale et le développement des chaînes de valeur régionales, les règles d’origine dans les APE permettent une utilisation plus importante de composants étrangers, sans perdre le libre accès au marché britannique.
Les Tolérances - seuils définis pour les produits ne répondant pas suffisamment aux critères de transformation - incluses dans les APE sont plus clémentes que dans les autres ALE. Par conséquent, les commerçants peuvent profiter plus facilement des préférences.
De plus, les dispositions relatives au cumul dans les APE (bilatéral, diagonal et total) permettent aux commerçants de choisir d’incorporer des intrants provenant des pays signataires ou des pays en développement voisins, leur permettant ainsi de bénéficier des préférences APE.
Les dispositions de dérogation des APE permettent d’accorder des dérogations aux règles d’origine en appliquant des critères plus souples à des produits spécifiques, originaires de pays spécifiques et sous certaines conditions. Pour ne citer qu’un exemple, l’APE AfOA-Royaume-Uni a accordé une telle dérogation pour les conserves et les longes de thon [11].
Dispositions spécifiques au secteur
Les APE contiennent également des dispositions spécifiques au secteur pour les ressources économiques clés des pays ACP. La pêche par exemple, est considérée comme une importante source de nourriture et d’échange pour les pays AfOA. Dans l’APE AfOA-Royaume-Uni, les parties coopèrent sur le développement durable et la gestion du secteur de la pêche dans leur intérêt mutuel, en tenant compte des impacts économique, environnementaux et sociaux et soutiennent les politiques nationales et régionales visant à accroître la productivité et la compétitivité du secteur [12]. Plus précisément, en ce qui concerne la pêche marine, dans l’APE AfOA-Royaume-Uni, le Royaume-Uni s’est engagé à contribuer à la mobilisation des ressources pour la gestion de la pêche, les problèmes de conservation, la gestion des navires, les dispositions post-récolte, les mesures commerciales et financières et le développement des produits de la pêche et de l’aquaculture marine afin de garantir une exploitation et une gestion des ressources durables.
En outre, les APE comprennent des dispositions supplémentaires visant à réduire davantage les délais et les coûts liés au commerce. Malheureusement, les ‘enjeux commerciaux modernes‘ n’ont pas été inclus dans tous les APE, à l’exception de l’accord le plus complet conclu avec la région du CARIFORUM. Toutefois, les accords laissent aux signataires la possibilité de développer ces questions de plus en plus pertinentes dans le futur.
Intégration régionale
En ce qui concerne l’intégration régionale, les APE contribuent à relier des petits marchés à des grandes régions APE. Les clauses de préférence régionale des APE stipulent que les pays d’une même région doivent s’accorder au moins les mêmes avantages que ceux qu’ils octroient au Royaume-Uni. De plus, alors que de nombreux pays ACP conservent des barrières entre eux, les APE, associés à d’autres initiatives de soutien à l’intégration régionale, leur permettront de maîtriser les aspects techniques et politiques de l’intégration économique [13].
Une plus grande flexibilité des règles d’origine, notamment leurs dispositions sur le cumul, la dérogation, la tolérance et des seuils généreux pour les produits en vue d’obtenir le caractère originaire, signifient que les parties peuvent plus facilement revendiquer le statut d’origine APE et bénéficier d’un accès au marché facilité, offert par le Royaume-Uni. Cela contribuera au développement économique par le biais d’une croissance axée sur les exportations, mais favorisera également les chaînes de valeur régionales, menant ainsi à un développement économique régional plus poussé.
Développement
Dans le cadre des APE, le commerce et l’investissement constituent un canal important pour stimuler la croissance économique et le développement durable dans les pays ACP. Afin de favoriser davantage le développement par le biais du commerce dans le cadre des APE, des sauvegardes solides sont prévues pour aider à protéger les industries nationales et les producteurs locaux des effets perturbateurs. Les sauvegardes bilatérales prévoient la possibilité de limiter temporairement le commerce lorsque les importations de certains produits se font en quantité telle ou de telle manière qu’elles constituent une menace pour les industries nationales ou risquent de créer des perturbations dans un secteur économique. En outre, pour protéger les industries naissantes, les tarifs douaniers peuvent être réintroduits en même temps que des instruments supplémentaires pour garantir une marge de manœuvre politique adéquate aux pays ACP dans la construction de leurs économies. Les APE contiennent également des dispositions sur les mesures d’aide au commerce et encouragent une coopération plus approfondie sur les questions douanières, les obstacles techniques au commerce (OTC), et les questions sanitaires et phytosanitaires (SPS).
Au-delà des impacts indirects liés à l’amélioration du commerce et de l’investissement, les annexes des APE relatives au développement devraient produire des résultats spécifiques pour les États partenaires en développement. Les chapitres sur le développement et les engagements visent à apporter un soutien ciblé aux parties dans la mise en œuvre des APE, qui considèrent souvent l’Accord de Cotonou comme cadre de référence pour le développement économique et la réduction de la pauvreté [14]. L’APE AfOA-Royaume-Uni, par exemple, établit une liste indicative d’objectifs potentiels de développement qui bénéficient aux États partenaires africains via le développement d’infrastructures, de secteurs clés, de l’intégration régionale, de la politique commerciale et des institutions.
D’autres objectifs de développement des APE sont inscrits dans les dispositions des accords qui visent à créer de nouvelles opportunités d’affaires, de commerce et d’investissement, à générer un impact positif sur le marché du travail, à apporter un soutien aux agriculteurs et à promouvoir l’intégration économique régionale. Entre autres choses, en offrant une plus grande sécurité juridique, les APE devraient attirer les investisseurs britanniques dans les pays ACP, ce qui stimulera le développement économique et créera de nouveaux emplois [15].
Les APE du Royaume-Uni contiennent des dispositions sur les normes du travail et les normes environnementales à des degrés variables, l’APE du CARIFORUM étant souvent considéré comme un accord modèle pour le développement durable [16]. Les APE qui ne contiennent pas de telles dispositions contiennent des engagements sur les négociations futures.
Enfin et surtout, les APE réaffirment l’engagement des parties en faveur du respect des droits de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit, tels que consacrés par l’accord de Cotonou, et évoquent indirectement la possibilité de suspendre les accords en cas de violation de ces principes (clauses de non-exécution).
Renforcement des capacités
La matrice de développement de l'APE AfOA-Royaume-Uni fournit plusieurs exemples d’activités de renforcement des capacités. Il s’agit par exemple de la conception et de la mise en place d'instruments de mobilisation des ressources pour l'investissement ; du développement des ressources humaines ; de normes de service visant à faciliter les transactions commerciales; de services et de réformes institutionnelles fondés sur les technologies de l'information et de la communication pour permettre la mise en place de systèmes d'information électroniques intégrés; de la mise en place de chaînes de production durables grâce à des politiques régionales harmonisées, des cadres réglementaires et des instruments de certification de la qualité, conformes aux normes internationales.
1.4. Avantages des APE
Ces accords permettent aux pays ACP de développer leur économie d’une manière durable et d’élever le niveau de vie de leurs citoyens. L’UE a souligné dix avantages des APE européens pour les États APE participants [17]. Ces avantages s’appliqueront également dans le contexte des nouveau APE entre le Royaume-Uni et les pays ACP.
- Les APE favorisent le partage des valeurs
- Dans le cadre de tout APE, l’UE et ses partenaires conviennent de promouvoir:
- les normes relatives au travail et la protection de l’environnement;
- la bonne gouvernance ;
- les droits de l’homme.
- En vue de leur mise en pratique, les APE font également intervenir toutes les parties concernées, des fonctionnaires et députés aux groupes d’entreprises, organisations non gouvernementales et syndicats.
- Dans le cadre de tout APE, l’UE et ses partenaires conviennent de promouvoir:
- Les APE protègent les producteurs locaux
- Les APE permettent aux pays ACP de protéger leurs producteurs locaux, qui auraient sans cela du mal à rivaliser avec les importations provenant de l’Union européenne. Les pays ACP maintiennent des tarifs sur les biens sensibles, tels que les produits alimentaires. Et si les importations de certaines marchandises connaissent une hausse soudaine, ils peuvent appliquer des mesures de sauvegarde, telles que les contingents d’importation.
- Les APE favorisent l’industrialisation
- Les APE aident les pays ACP à produire et à exporter des biens transformés à plus forte valeur ajoutée, au lieu des seuls produits de base non transformés présentant une faible plus-value. À cet effet, les APE contiennent des dispositions très souples qui déterminent la provenance des produits. Par exemple, un produit textile peut entrer dans l’UE en franchise de droits si au moins une étape de la production — comme le tissage ou le tricotage — a eu lieu dans un pays signataire de l’APE.
- Les APE favorisent les agriculteurs des pays ACP
- Les APE aident les agriculteurs des pays ACP à respecter les normes strictes de l’UE en matière de sécurité alimentaire et de santé animale et végétale. Les APE permettent aussi aux pays ACP de réagir si des problèmes surviennent — par exemple pour assurer la stabilité de l’approvisionnement alimentaire. Par ailleurs, ils interdisent les subventions européennes à l’exportation de produits agricoles vers les pays ACP, ce qui signifie que les producteurs locaux voient leurs revenus augmenter.
- Les APE favorisent des relations plus étroites entre pays voisins
- Les APE régionaux s’appuient sur l’action déjà menée par des groupes de pays pour travailler plus étroitement ensemble et pour intégrer leurs économies. Les APE favorisent aussi les chaînes de valeur régionales. Un pays peut transformer des intrants venus de pays voisins et bénéficier néanmoins de l’accès au marché européen en franchise de droits
- Les APE aident les signataires à relever ensemble les défis mondiaux
- Dans le passé, l’UE offrait un certain accès à son marché, accès qu’elle pouvait retirer à tout moment. Désormais, les deux parties s’engagent de façon contraignante et mutuelle. Les APE mettent également en place des institutions communes, ce qui signifie que les pays ACP et l’UE peuvent prendre des décisions d’un commun accord. De plus, les APE vont de pair avec l’aide au développement de l’UE. Cette aide permet aux pays ACP de tirer le meilleur parti possible des accords.
- Les APE réduisent le coût des exportations et des importations
- Dans le cadre de chaque APE, l’UE fournit une aide au commerce. Cette aide permet aux pays bénéficiaires d’adapter leurs procédures douanières et de réduire les formalités administratives. En d’autres termes, les exportateurs et les importateurs bénéficient de formalités administratives réduites et sont également davantage incités à lutter contre la corruption
- Les APE créent des emplois plus nombreux et de meilleure qualité
- Les APE permettent aux pays ACP de faire face à la concurrence, ce qui les aide à développer leur économie. De nouvelles branches d’activité apparaissent, créant ainsi des emplois. Les APE encouragent également les administrations à coopérer avec les syndicats et les organisations non gouvernementales, en vue d’améliorer les normes relatives au travail.
- Les APE aident les pays à attirer davantage d’investissements
- Les APE ont un caractère permanent et ne prévoient pas de date d’expiration, ce qui donne aux investisseurs potentiels — qu’ils soient locaux ou étrangers — la stabilité à long terme qu’ils recherchent. Les APE attestent aussi la détermination des pays concernés à attirer des entreprises et à leur proposer de bonnes conditions d’établissement et d’expansion.
- Les APE ouvrent de nouveaux débouchés commerciaux
- Les entreprises des pays couverts par un APE peuvent exporter librement vers l’UE – sans droits de douanes ni contingents pour la plupart des produits. Elles peuvent aussi importer les intrants dont elles ont besoin, notamment des machines ou des composants, à des prix inférieurs.
1.5. Idées reçues sur les APE
Les APE ont parfois été qualifiés d’injustes par certains observateurs qui affirment qu’ils ouvrent les marchés ACP à la concurrence internationale au détriment des entreprises locales. D’autres critiques ont accusé les APE UE-ACP d’affaiblir le pouvoir de négociation des pays ACP, les laissant comme des preneurs de règles. Voici quelques-unes des idées fausses les plus répandues chez les opposants aux APE de l’UE et leurs contre-arguments [18], qui s’appliquent également au contexte des nouveaux APE entre le Royaume-Uni et les pays ACP.
#1: Les pays ACP ont été forcés de conclure des APE intérimaires sous la pression de la Commission européenne/du Royaume-Uni.
Non. La pression est venue des attentes d'autres membres de l’OMC, parmi lesquels les pays en développement non ACP, qui attendaient que l’UE et les ACP respectent leur engagement de rendre leurs relations commerciales compatibles avec les règles de l’OMC pour le 1er janvier 2007.
Tandis que la nécessité de maintenir et de renforcer les liens économiques entre le Royaume-Uni et les pays ACP après le retrait du Royaume-Uni de l’UE, a rendu nécessaire la négociation des APE entre le Royaume-Uni et les pays ACP.
#2: Les pays qui ont signé des APE verront leurs marchés envahis par des importations britanniques bon marché
Non. Aux termes des APE, les pays ACP sont libres d’exclure un large éventail de biens et secteurs sensibles de toute libéralisation. Les entreprises britanniques exportent très peu vers les pays ACP. L’intérêt est de disposer de chaînes d’approvisionnement intégrées renforçant le traitement dans les pays ACP, qui peuvent être mutuellement bénéfiques.
#3: En signant des APE avec différents pays ACP, le Royaume-Uni a ruiné les efforts d’intégration régionale
Non. Les APE sont conçus pour favoriser la création de chaînes de valeur régionales et soutenir la hausse du commerce entre toutes les parties, y compris les pays ACP. Ceci est soutenu, par exemple, par des règles d’origine flexibles.
#4: La réduction des droits à l’importation due à la libéralisation dans les pays ACP affectera les revenus des États
Non. Les pays ACP ont exclu un grand nombre de produits de toute libéralisation et libéraliseront d’autres droits de douane dans les dix à quinze ans qui viennent, en abaissant les tarifs sur les produits importés dont les pays ACP ont le plus besoin. Cela empêchera des variations brutales des revenus. En outre, le Royaume-Uni est prêt à apporter son aide aux réformes fiscales et ajustements visant à compenser toute perte fiscale nette découlant des APE et il a les moyens de le faire.
#5: Les fonds de développement futurs dépendent de la signature des APE
Non. Autant l’UE que le Royaume-Uni n’ont jamais lié le financement du développement à la signature d’un APE. L’élément de financement régional du Fonds Européen de Développement (FED) soutient effectivement l’intégration régionale des ACP mais ses orientations de programmation ne spécifient pas que cela doive impliquer la conclusion d'un APE. Elle affirme seulement que lorsqu’il existe un APE les fonds doivent soutenir la bonne application de tout engagement annexe. C’est également l’approche adoptée par le Bureau des affaires extérieures du Commonwealth (Foreign & Commonwealth Office) et le Département britannique pour le développement international (Department for International Development) pour le financement du programme d’appui aux APE [19].
#6: Le Royaume-Uni insiste encore pour négocier sur des problèmes tels que l’investissement et les services dans des APE complets, même lorsque les pays ACP ne veulent pas le faire.
Non. Le Royaume-Uni n’a jamais dit qu’il insisterait pour que ces problèmes soient couverts par des APE, mais il a dit qu’il croit que les APE pourraient contribuer efficacement au développement. Les services tels que les télécommunications, les banques et la construction constituent le pivot d’une économie en croissance et la plupart des pays ACP ont un grand besoin d’attirer des investissements étrangers dans ces secteurs et dans d’autres.
#7: Les APE sont un danger pour le développement des pays ACP[20]
Non. La politique britannique en matière de commerce et de développement s’intéresse davantage à la manière dont le Royaume-Uni peut utiliser le commerce pour aider les pays ACP à construire des économies plus fortes et à rompre leur dépendance vis-à-vis des préférences commerciales et du commerce des produits de base. Les APE que le Royaume-Uni signe avec les pays ACP sont conçus pour offrir de plus grandes opportunités aux entreprises locales, attirer de nouveaux investissements et créer des marchés régionaux solides capables d’être concurrentiel à l’échelle mondial. Les APE transformeront une relation commerciale qui dépend de plusieurs produits de base en une relation basée sur la diversification économique et la croissance des économies.
#8: Les règles d’origine des APE obligent les pays à commercer davantage avec les États parties.
L’argument avancé ici est que les règles d’origine sont trop restrictives car elles obligent les pays APE à commercer davantage avec les autres partenaires APE au détriment des pays tiers dont les PMA. Cependant, les pays ne sont pas liés, mais ont plutôt des critères plus libéraux pour les marchandises provenant des États parties à l’APE.
#9: Les produits originaires des États de l’APE sont bons et les produits d’ailleurs sont mauvais.
Le fait que les APE comportent des chapitres sur les OTC et les SPS, ne signifie pas que tous les autres produits sont de mauvaise qualité. La qualité des produits est évaluée selon les mêmes normes, c’est aux entreprises commerciales de juger si certains produits répondent à leurs besoins et si les normes et la certification sont fiables.
#10: Les importations de tous les pays ACP peuvent entrer dans les États partenaires en franchise de droit.
Tous les pays ACP n’ont pas conclu d’accord de libre-échange entre eux. Le traitement des marchandises en provenance des pays ACP dépend donc de la relation commerciale entre le pays d’importation et le pays d’origine.
Au-delà du renforcement des capacités avec des objectifs de développement spécifiques, les APE impliquent également un renforcement de la coopération politique et du dialogue sur l’agriculture et la sécurité alimentaire qui, entre autres, cherchent à améliorer la capacité des agriculteurs à se conformer aux normes SPS et autres normes agricoles. De plus, les APE tentent également d’aborder les capacités liées aux enjeux à la frontière. Par exemple, plusieurs APE du Royaume-Uni avec l’AfOA, l’UDAAM, le CARIFORUM, et les États du Pacifique fournissent un cadre juridique avec des objectifs clairs en matière de facilitation du commerce.
Enfin, des programmes visant à tirer parti ou à soutenir la mise en œuvre des APE seront menés pour améliorer les capacités techniques et administratives des pays ACP dans les secteurs public et privé.